Armel Le Cléac’h a deux raisons de se sentir comme « un pionnier ». À 13 heures aujourd’hui, le skippeur du Maxi Banque populaire XI prendra le départ de l’Arkea Ultim Challenge, la première édition du tour du monde réservée aux formule 1 des mers. Ils seront six sur la ligne à Brest. Il y a trente-quatre ans, treize marins inauguraient le Vendée Globe. « On les prenait pour des fous et ça a été le début d’une grande histoire, resitue le Finistérien. Je rêve que ça soit la même chose. Le Vendée, c’est l’Everest de la voile, et je me dis qu’on a trouvé plus difficile à gravir. » Quarante-cinq jours seul à bord de bateaux volants.
La transatlantique qu’il effectuera dans cinq mois sera moins exigeante. Reposante pour autant ? Le 7 juin, Armel Le Cléac’h embarquera depuis le même port pour rallier les Antilles. À bord : Sébastien Josse, avec qui il a remporté la dernière Transat Jacques-Vabre, cinq personnalités dont l’identité sera bientôt dévoilée et la flamme olympique. Le Breton a en effet été chargé du relais entre la métropole et les DOM-TOM. Peu avant la tombée de la nuit, le responsable de la flamme transférera la torche dans la lanterne, qui sera posée sur un support adapté. Elle trônera au centre de la zone de vie, visible de tous. « Son autonomie est limitée donc il faudra qu’on l’alimente en pétrole de temps en temps, sourit Le Cléac’h. Il ne faudra pas l’oublier. » Ça ne devrait pas être la mission la plus ardue.
« Comme il n’y a pas d’enjeu sportif, la principale pression c’est de respecter le timing, poursuit-il. Il faudra juste arriver à l’heure. » À savoir 7 h 30 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) le jeudi 15 juin. Avant de partir très vite pour la Martinique. Pour calculer le temps de traversée adéquat, des prévisions ont été réalisées en se basant sur la météo des vingt dernières années : huit jours « avec une petite marge », indique le skippeur. « Et si on est en avance, on ralentira. » Pas de risques majeurs de gros temps comme c’est le cas dans les mers d’hiver. Il faut surtout croiser les doigts pour que le tour du monde n’endommage pas trop le bateau – le cas a été anticipé, évidemment.
Reste donc l’équipage, plus compliqué à constituer que prévu. Trouver des personnalités de la culture, du sport ou autres disponibles pendant une grosse semaine n’est pas si évident que ça, surtout en juin. Le champion du monde 1998 Bixente Lizarazu a, par exemple, été approché, mais il commentera l’Euro 2024 de football en Allemagne pour TF1 à ce moment-là. Certains ont aussi demandé si c’était rémunéré… Mais dans l’ensemble, ceux qui ont manifesté leur intérêt étaient avant tout emballés par le projet. Un ancien gendarme s’est également porté volontaire pour garder la flamme – candidature non retenue, les risques de piratage étant limités en plein milieu de l’Atlantique avec un engin filant 50 nœuds.
« Le cahier des charges, c’est que ce soient des personnalités ayant la capacité physique de naviguer sur un bateau de ce gabarit pendant huit jours, explique Le Cléach. Qui ont envie de le faire. Et quelques notions maritimes. On ne part pas pour une croisière, quoi ! D’accord, ce n’est pas une course, mais ils vont bosser à bord. » Ceux qui ont déjà un peu navigué pourraient même barrer. Deux équipes de trois assureront les quarts, plus une personne qui aura le rôle de médiaman.
En amont, un stage de survie en accéléré sur une journée est envisagé à Lorient pour savoir comment utiliser le matériel de secours (feux de détresse, radeau…), avoir les bons gestes, simuler un hélitreuillage… À bord, le casque sera de rigueur tant les accélérations peuvent surprendre. « C’est comme si on partait en randonnée à ski avec cinq clients, image Le Cléac’h. Avec Seb, on les guidera. Il faudra avoir un œil dessus. » Pour éviter la blessure pendant une manœuvre, par exemple. Vigilant, le capitaine du futur équipage n’a pas trop d’inquiétude à ce sujet.
Ce qui l’interpelle le plus, c’est la gestion humaine. Naviguer à sept, il connaît. « Mais là, on va avoir cinq personnes qu’on ne connaît pas et qui ne se connaissent pas. Comment vont-elles réagir ? Sont-elles sujettes au mal de mer, par exemple ? En général, ça passe au bout de quelques heures, mais ça peut être contraignant si ça dure plusieurs jours. » Et puis il y a la vie à bord dans un espace restreint de moins de 6 mètres carrés. « Tout doit bien se passer dans l’organisation, l’hygiène, la gestion des quarts, des horaires, détaille le skippeur de Banque populaire. Il ne faut pas de petit caillou dans l’engrenage car ça peut vite créer des tensions. »
Ce n’est pas l’idée. Armel Le Cléac’h compte surtout vivre une expérience hors du temps. Pour lui, ce projet est une manière de vivre les Jeux olympiques par procuration : « Un des regrets de ma carrière, c’est de ne pas avoir pu défendre les couleurs de mon pays. En football, en rugby, aux Jeux, j’aime bien quand les Français brillent. En course au large, on n’a pas cette dimension. » Jeune, il aurait pu viser les éditions d’Atlanta, Sydney ou Athènes, mais il n’avait « pas le niveau » sur les dériveurs. Il y a deux ou trois ans, il a trépigné quand le Comité international olympique a planché sur une épreuve de course au large sur monocoque en double mixte. Elle n’a pas été retenue. Lui l’a finalement été.
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