Les solitaires ont pris leur envol autour du monde
À 13h30, les six marins du premier tour du monde en multicoques géants ont lâché les chevaux. C’est parti pour une chevauchée de 40’000 km.
Les six marins engagés sur l’Arkea Challenge-Brest ont largué les amarres ce dimanche.
Imago
Le degré de tension et d’émotion est directement lié à la nature du défi. Des adieux, sur un quai, ne sont jamais anodins mais ils prennent une dimension particulière lorsque celui qui s’en va endosse le rôle de pionnier. C’est le cas des six marins engagés sur l’Arkea Challenge-Brest, un tour du monde en Ultim, des multicoques géants de 32 m de long pour 23 de large.
Un par un, ils ont séché une petite larme avant de larguer les amarres le long du quai Malbert. Eric Péron (Adagio), Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), Anthony Marchand (Actual Ultim 3), Tom Laperche (SVR-Lazartigue), Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) et Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) ont endossé leur cape de héros de la mer dans la fraîcheur bretonne.
Ils ont défilé dans la rade de Brest, bien garnie aux endroits stratégiques pour rejoindre la zone de départ, placée peu après le passage du Phare du Petit Minou. Sur zone, le soleil caresse les joues rosies des nombreux plaisanciers qui ont tenu à venir saluer les six aventuriers jusqu’au coup de corne de départ. À 13h30, l’Amiral Olivier de Kersauzon, «bientôt 80 balais» comme il dit, a lâché les fauves. Dans un flux de nord-est de 10 à 15 nœuds, les Ultim n’ont pas attendu longtemps pour se hisser au-dessus d’une mer relativement plate. Des conditions de vol idéales pour offrir un spectacle à couper le souffle.
Un trio de favoris
Comme on pouvait s’y attendre, un trio a d’emblée pris un petit coussin d’avance sur ses trois poursuivants en décollant à plus de trente nœuds. Sur le papier, la victoire devrait se jouer entre SVR Lazartigue, Banque Populaire et Maxi Edmond de Rothschild, les trois bateaux les plus récents et les plus aboutis.
Mais le défi est tel sur ce tour du monde en solitaire et en multicoque qu’une surprise n’est de loin pas exclue. Pour mémoire, seuls sept marins ont déjà tourné autour du globe sur deux ou trois coques. Mais seuls quatre d’entre eux ont réussi cet exploit sans s’arrêter: Francis Joyon, Ellen Mc Arthur, François Gabart et Thomas Coville. Ce dernier est donc le seul à connaître la route qui passe par les trois caps mythiques: Bonne Espérance, Leeuwin et Horn. Il pourrait très bien déjouer les pronostics qui le placent juste derrière le trio infernal, lequel a monté le curseur d’entrée de jeu.
Une cinquantaine de jours en mer
De Brest à Brest, 40’000 km de route théorique attendent les solitaires, qui auront le droit de s’arrêter pour réparer et bénéficieront des conseils d’une cellule de routage personnelle pour anticiper les grandes manœuvres. «On espère surtout ne pas avoir besoin de faire escale, explique Anthony Marchand, skipper d’Actual, l’ancien bateau avec lequel François Gabart avait établi le record du tour du monde en solitaire en 42 jours. C’est un challenge personnel que je veux me mettre. Essayer de naviguer proprement tout en évitant de casser. Car c’est aussi très pénalisant puisque l’arrêt durera 24 heures au moins.»
C’est donc parti pour une petite cinquantaine de jours en mer à très haute vitesse. Directeur d’OC Sport, la société qui organise ce premier tour du monde en multicoque, le Genevois Hervé Favre avait le sourire: «La première partie du défi a été relevée! Et c’est à eux de faire l’histoire de cet Arkea Ultim Challenge-Brest. De surtout raconter de belles histoires car c’est pour ça que l’on organise des courses.»
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