Après avoir lancé une ligne à la voile vers la Corse, Sailcoop veut transporter des passagers vers l’archipel des Glénan ou Groix, dès le mois de mai 2024. Un catamaran est en cours de construction.
Ce sera Groix ou les Glénan. La jeune société Sailcoop alignera en mai un catamaran à passagers propulsé à la voile vers l’île morbihannaise ou l’archipel finistérien. La décision devrait tomber dans les semaines à venir. A l’instar de la compagnie Iliens, qui dessert Belle-Ile depuis Quiberon, Sailcoop proposera des traversées quotidiennes pendant la saison touristique et les vacances scolaires pour des passagers soucieux d’emprunter un mode de transport décarboné et recherchant une expérience un peu différente des navettes à passagers classiques.
Sailcoop est une Scic (société coopérative d’intérêt collectif) créée en septembre 2021, à Vannes, par Arthur Le Vaillant, Maxime de Rostolan et Maxime Blondeau, pour proposer du transport de passagers à la voile, en alternative au transport conventionnel. Et ce, de la courte distance, inférieure à 20 milles, jusqu’à la très grande distance, comme une transatlantique, en passant par des distances intermédiaires, entre 20 et 200 milles.
Traversées vers la Corse
C’est d’ailleurs sur ce dernier marché que Sailcoop a fait son galop d’essai en lançant en 2022 une ligne entre le continent et la Corse. La compagnie a réalisé des traversées entre Toulon et Calvi, puis depuis Saint-Raphaël (plus proche de la gare pour les passagers et offrant une route plus favorable au vent). Elle est parvenue à exploiter un bateau de plaisance, un Bavaria 50 affrété à un particulier. Ce voilier de 15 mètres peut embarquer huit passagers et deux skippers pour une traversée de 15 à 22 heures.
Evidemment, cela a posé de sérieuses questions réglementaires. « C’est un navire de plaisance à usage personnel que l’on a hissé au statut de navire de plaisance à usage commercial », explique Grégoire Théry, en charge de la stratégie et du développement de Sailcoop. « Ensuite, nous souhaitions faire des liaisons régulières, ce qui nous emmène dans le monde des navires à passagers alors que les liaisons régulières ne sont pas accessibles aux navires de plaisance. Nous sommes donc passés par un contentieux administratif avec une saisine du juge des libertés pour faire établir ce que nous avions le droit de faire et pourquoi. C’est comme cela que nous avons obtenu le statut d’expérimentation nationale » du secrétariat d’État à la Mer, avant d’envisager une éventuelle évolution du cadre réglementaire.
La première année, 120 passagers ont tenté l’expérience. « C’était très symbolique », mais l’an suivant, un deuxième bateau de plaisance a été aligné pour proposer des départs quotidiens de chaque port. Ainsi, 1100 personnes ont réalisé la traversée avec Sailcoop en 2023, avec une traversée décarbonée de « 80% par rapport à l’avion et 90% par rapport au ferry », en s’appuyant sur la méthodologie de calcul de l’Ademe (consommation de carburant sur la saison divisée par le nombre de passagers et de de milles parcourus).
Développer des liaisons courtes
Cette dynamique créée, Sailcoop, qui souhaite développer de nombreuses liaisons, et pas uniquement en France métropolitaine, a voulu investir le champ des liaisons courtes. « C’est très faisable d’un point de vue opérationnel, si l’on choisit bien l’orientation au vent et la bonne distance. On peut vraiment fortement décarboner ». Elle a donc jeté son dévolu sur les liaisons vers Groix et les Glénan dans l’espoir d’ouvrir les deux lignes en 2024 et 2025. Une première ligne va être lancée en mai pour transporter 15 à 20.000 passagers par an. De quoi atteindre un chiffre d’affaires autour de 400.000 euros, rembourser les frais d’acquisition d’un premier navire, réaliser l’entretien et la maintenance, tout en rémunérant les marins.
Un deuxième navire pourrait être rapidement construit pour ouvrir une deuxième ligne en 2025. « Notre idée est ensuite de mettre plusieurs navires, d’ouvrir d’autres lignes » et d’inciter armateurs et collectivités à s’intéresser à ce nouveau modèle. Si Sailcoop se concentre en ce moment sur les liaisons courtes, les moyennes distances restent un autre marché que la société veut investir. « On regarde sur tout le littoral français, mais aussi la Grèce, les Baléares, les Antilles. On n’a vraiment pas de limites géographiques ».
Une construction neuve
Pour son premier navire, Sailcoop n’a pas trouvé sur le marché de l’occasion de bateau adapté. Soit un navire à la fois sécurisant, inclusif, avec toilettes PMR, et performant à la voile. « Les grands catamarans existants n’étaient à la fois pas assez orientés pour le transport de passagers et trop lourds, pas assez performants ».
La Scic a donc recherché un constructeur. Elle a opté pour le chantier de l’Arsenal à La Rochelle. Il n’utilise pas de moules et proposait une empreinte carbone plus faible. Pour concevoir ce navire capable de transporter 80 passagers en utilisant la voile pour sa propulsion dès 6 à 7 nœuds de vent, un consortium a été monté avec le cabinet d’architecture navale VPLP, qui vient du monde de la course au large. Afin de construire ce navire à 1.5 million d’euros, Sailcoop a réalisé une levée de fonds de 400.000 euros, trouvé un financeur privé qui a apporté 500.000 euros supplémentaires, et eu recours à de la dette bancaire.
Le navire sera un catamaran homologué PMR en matériaux composites de 61 pieds mesurant 18.6 mètres hors-tout, pour 8.67 de large, avec un faible tirant d’eau, dérives relevées, de seulement 1.2 mètre. Il devrait avoir un déplacement lège de 15.8 tonnes et jusqu’à 25.2 tonnes en charge. Propulsé par 145 m2 de voiles, il pourra accueillir jusqu’à 80 passagers sur un pont de 111 m2, tout en embarquant 6 à 8 vélos.
Les besoins énergétiques ont été réduits au maximum. L’alimentation pour les instruments de navigation sera assurée par des panneaux photovoltaïques. Mais le catamaran aura deux moteurs thermiques de 79 chevaux, pour pouvoir rallier les îles en cas de calme plat. « Nous avons finalement choisi des moteurs thermiques car nous ne savions pas encore où nous allions opérer, et il était difficile de connaitre les besoins en autonomie. Surtout, des moteurs électriques auraient rajouté presque une tonne de poids au bateau. Nous avons préféré un vrai navire à voile qui est performant, car léger », explique Grégoire Théry. Ce qui n’empêche pas Sailcoop d’envisager un retrofit à l’avenir ou une propulsion électrique pour une seconde unité.
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