Un article de Ports et Corridors. Chaque jour, la crise en mer Rouge s’invite sur les bureaux des responsables logistiques. Le déroutement de nombreux services conteneurisés et rouliers par le cap de Bonne-Espérance rallonge le temps de transport. Déjà, les armateurs annoncent des surcharges pour les conteneurs entre l’Asie et l’Europe.

Suez+Panama= une double crise

Or, ces augmentations tarifaires ne se cantonnent pas à l’Europe. Ces hausses tarifaires touchent aussi les conteneurs destinés aux Antilles, notamment la Martinique et la Guadeloupe. Et les départements des Antilles et la Guyane cumulent les crises. En effet, outre la crise de Suez, le franchissement du canal de Panama est aujourd’hui restreint. Les îles des Antilles sont prises en tenaille entre ces deux canaux. Alors, toutes les marchandises en provenance d’Asie subissent des retards, qu’elles passent par Panama ou Suez.

L’effet direct de la crise de Suez

« Nous allons subir un double effet de la crise de Suez. L’effet direct consiste à un allongement des délais pour la délivrance des marchandises », indique Jean-Claude Florentiny, secrétaire général du Groupement des importateurs antillais (GIA). Déjà, les marchandises en provenance d’Asie destinées aux Antilles, transbordent soit au Havre soit à Kingston. Alors, le déroutement des navires par le cap de Bonne-Espérance en provenance d’Asie qui touchent Le Havre accumulent un retard de 15 jours supplémentaire. « Pour un conteneur entre l’Asie et les Antilles, il faut désormais compter 60 jours désormais contre 45 jours précédemment », continue Jean-Claude Florentiny.

Le Nouvel an chinois aggrave la situation

L’effet indirect de cette crise réside dans l’origine des marchandises. En effet, la grande majorité des produits consommés localement sont originaires d’Asie. Alors, avec l’approche du Nouvel an chinois et la fermeture des entreprises en Chine pendant environ 10 jours, les départements français des Caraïbes risquent des perturbations logistiques importantes.

Changer le sourcing des produits de consommation

Une des solutions consiste à changer le sourcing des produits de consommation. Effectivement les acheteurs antillais disposent de marchés intéressants avec l’Amérique du Nord et le Brésil à quelques miles nautiques. Des modifications qui ne sont pas opérationnelles même si des discussions ont commencées.

La crainte d’un retour à la situation d’après Covid

Dans ces conditions, sans parler de pénurie, Jean-Claude Florentiny alerte. Il craint de voir une situation analogue à celle qui a prévalue après le Covid. Ainsi, les entreprises antillaises risquent de stocker avec les encombrements que cette décision peut entraîner. La crise de Suez et celle de Panama, avec les restrictions de passage de navires, touchent toutes les îles de l’arc caribéen. « Les deux îles françaises ont une bouée puisque 80% de nos marchandises proviennent d’Europe. La situation est bien différente pour les autres îles de la Caraïbe comme Trinidad et Tobago. Elles ne disposent pas de cette sécurité », indique le secrétaire général du GIA. Une sécurité que les antillais payent puisqu’ils se voient parfois infliger une double surcharge pour les produits depuis l’Asie qui transbordent au Havre.

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