Ce jour-là, à La Rochelle, son pas léger et rapide sur l’escalier métallique du chantier annonce que Yannick Bestaven est affûté, après trois semaines de vacances à La Clusaz et deux aux Antilles (« sur un bateau ! »). Son « Maître CoQ V » aussi, qui vient d’être remis à l’eau à côté, gainé de cloisons renforcées après les travaux de l’hiver.
Dès que ses nouveaux foils seront arrivés et posés, vers la fin mars, le vainqueur du dernier Vendée Globe (2020-2021) et son équipe repartiront à l’entraînement à Cascais (Portugal) avant de disputer les deux transats en solitaire préparatoires au prochain Vendée (novembre 2024). Deux rendez-vous importants après une transat Jacques…
Ce jour-là, à La Rochelle, son pas léger et rapide sur l’escalier métallique du chantier annonce que Yannick Bestaven est affûté, après trois semaines de vacances à La Clusaz et deux aux Antilles (« sur un bateau ! »). Son « Maître CoQ V » aussi, qui vient d’être remis à l’eau à côté, gainé de cloisons renforcées après les travaux de l’hiver.
Dès que ses nouveaux foils seront arrivés et posés, vers la fin mars, le vainqueur du dernier Vendée Globe (2020-2021) et son équipe repartiront à l’entraînement à Cascais (Portugal) avant de disputer les deux transats en solitaire préparatoires au prochain Vendée (novembre 2024). Deux rendez-vous importants après une transat Jacques-Vabre 2023 abandonnée sur avarie et une Route du Rhum elle aussi gâchée par des casses. Pour l’avenir, le moral est en titane.
Comment vous sentez-vous, physiquement, par rapport à il y a quatre ans ?
Je suis le même entraînement avec Pascal Mas, le préparateur physique du Stade Rochelais. Je sors à l’instant de deux heures de yoga. Je suis en forme. J’ai toujours été passionné de sport, j’ai fait ski à La Clusaz, du kite et du wingfoil aux Antilles. J’ai juste une petite appréhension, celle de naviguer en solitaire pour la première fois depuis la Route du Rhum 2022. Je veux dire l’appréhension de bien exécuter et répéter les manœuvres, gérer la puissance du bateau, le bonhomme, avec la fatigue et les chocs.
Sur le dernier « Vendée », votre formule « je vis comme un sanglier » avait résumé combien est dure la vie à bord sur ces bateaux. Quels aménagements avez-vous pu faire pour l’améliorer ?
C’est de pire en pire ! Les bateaux vont de plus en plus vite, sont de plus en plus violents, on sera toujours à quatre pattes. On l’a vu sur la transat Retour à la base, avec les blessures assez lourdes de Sébastien Simon et Romain Attanasio (chocs à la tête, NDLR). On essaie de trouver des solutions pour habiter dans un shaker sans se casser les vertèbres ! En 2020, je portais un casque de kite, je suis passé à un modèle Wip, utilisé en Coupe de l’America, plus léger, ce qui me permet de le porter plus longtemps. Comme d’autres écuries, on a investi dans un fauteuil de veille sur amortisseurs, pour amortir les chocs. Sinon, comme en 2020, j’ai un gilet d’impact venu du kite, des genouillères de volley. Le problème est d’arriver à les porter 24 heures sur 24, avec l’humidité, la chaleur… C’est important : la performance du bateau ne sert à rien si le marin se blesse.
Ce seront sans doute mes dernières courses en solo, je me dis profites-en, prends le max de plaisir.
Jean-Christophe Sounalet/SO
Avez-vous vite retrouvé l’énergie de vous lancer dans un nouveau tour du monde ?
Dès la construction du bateau. D’autant plus que mon objectif n° 1 est de prendre du plaisir. Comment le faire vu ce qu’on vient de dire ? Il faut être maso ? Oui, peut-être (rire) ! Sérieusement, c’est une chance de vivre sa passion sur de tels bateaux, avoir une équipe, un sponsor. Et puis ce seront sans doute mes dernières courses en solitaire, alors je me dis profites-en, prends le max de plaisir. Après ? J’aimerais, avec ce bateau, monter un projet Ocean Race (NDLR : tour du monde en équipage et avec escales).
Après les avaries sur « Maître CoQ V » (1), aviez-vous besoin de rétablir la confiance en votre bateau ?
La confiance est là, carrément ! C’est vrai, 2023 n’a pas été terrible. On a cassé beaucoup de choses sur la Jacques-Vabre (NDLR : grand voile, cloisons) alors qu’on était en 4e position. Le bateau sort renforcé du chantier. Et puis, si on avait eu ces avaries en mer pendant le Vendée, on serait quand même allé au bout, quoique avec une sacrée épée de Damoclès au-dessus de la tête. Mais là, ça ne servait à rien de casser un peu plus le bateau. On avait le temps de réparer, c’est pour le Vendée Globe qu’il faut être prêt.
« C’est vrai, 2023 n’a pas été terrible, mais la confiance dans le bateau est là, carrément »
Wanaii Films
D’où ce choix, comme en 2020, de la fiabilité avant tout ?
Récemment, Jean Le Cam m’a dit : « j’ai appris que tu doublais tes cloisons, du coup je fais pareil ». Il a connu ça, l’angoisse de finir une course avec un bateau délaminé, il n’a pas envie de le revivre. Nous, en deux ans, on a réparé trois cloisons et rajouté six. Le bateau n’est pourtant pas sorti plus lourd, de 20 kilos seulement. C’est bien car on l’a sacrément renforcé ! On a joué sur la répartition du poids, le lest. Je pense que toutes les équipes ont renforcé leurs cloisons depuis la Jacques-Vabre. Je n’étais pas à l’arrivée, mais apparemment, les meuleuses ont travaillé dur. Il y a eu de la casse.
Que doivent vous apporter vos nouveaux foils ?
Déjà, nous avions besoin de « spare », pièce de rechange, en cas de casse d’ici le Vendée. Cette version, dite V2, est la même que la V2 de « 11th Hour », notre bateau jumeau. Leur équipe était très contente de leur V2, les foils sont plus légers et doivent apporter plus de stabilité dans le vol, donc un gain de performance.
Quels sont vos objectifs sur les deux transats à venir (2)
Je n’en ai pas de précis en termes de place. Bon, 15e ce serait ch… mais l’objectif, c’est d’arriver. Je suis déjà qualifié pour le Vendée, je peux tenter des trucs, me faire plaisir. Il y a des leaders, je n’en fais pas partie et tant mieux, je n’aime pas cette position. Je sais le potentiel du bateau, je sais naviguer, je veux d’abord ne pas être déçu par le comportement du marin et celui du bateau.
(1) Cloison arrière décollée sur la Route du rhum, cloison avant sur la Jacques-Vabre. (2) The Transat CIC Lorient – New York (29 avril) puis New York – Les Sables (29 mai).
Affaire Cremer – Le Turquais : « préciser les règles »
« Je ne me prononce pas sur le cas lui-même. Par contre, je dis et redis qu’il faut sacrément réviser et clarifier les règles : ce que tu ne peux pas contrôler, il faut l’autoriser. Sinon, cela donne libre cours à la suspicion, aux recours et cela salit l’image de la voile. Qu’est-ce qui est interdit : le routage, une suite régulière de cartes et conseils de trajectoires, ou toute info météo quelle qu’elle soit ? Car de ce que j’entends, j’ai l’impression que tout le monde reçoit des informations.
Idem avec l’assistance psychologique. Est-ce que tu as le droit ou non d’appeler ton préparateur mental si tu l’appelles en tant que pote ? Si ta femme est psychologue de métier, qu’est-ce que tu fais, tu ne lui parles pas pendant trois mois ? Jean-Marie Dauris, mon directeur technique, est un ami d’enfance, évidemment qu’il m’apporte du soutien psychologique quand on se parle. Si tu mets des règles, elles doivent être applicables et surtout contrôlables. Sinon, cela ne sert à rien. »
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