Il paraît qu’on a déjà vu des voiles danser sur le bitume du côté des Minimes. C’était il y a une poignée de décennies, dans les années 1980, lorsque le windskate vivait son âge d’or. Cette pratique, réunissant une planche de skateboard et une voile de planche à voile, est depuis tombée complètement dans l’oubli. Partout dans le monde comme à La Rochelle. C’est…

Il paraît qu’on a déjà vu des voiles danser sur le bitume du côté des Minimes. C’était il y a une poignée de décennies, dans les années 1980, lorsque le windskate vivait son âge d’or. Cette pratique, réunissant une planche de skateboard et une voile de planche à voile, est depuis tombée complètement dans l’oubli. Partout dans le monde comme à La Rochelle. C’est ici, peut-être, qu’elle va renaître de ses cendres.

Depuis quelques mois, un adepte force les passants à sortir exclamations et smartphones. On peut le voir de temps à autre devant l’Espace Encan ou du côté de l’Aquarium, sa voile bien en mains – sauf lorsqu’il la lâche pour une figure – et les pieds ancrés sur sa planche à roulettes. Lui, c’est Gabriel Marie, 28 ans, Parisien de naissance et Rochelais depuis peu.

Pour s’exercer

Arrivé en septembre 2022 pour suivre des formations dans le domaine de la voile, il utilise tout son temps libre pour pratiquer et promouvoir le windskate, discipline découverte un peu par hasard. « Je me suis mis à la planche à voile à l’île d’Arz (56), où tout le monde en fait. Mais c’est dur et très frustrant à pratiquer seul, et même assez dangereux. J’ai eu l’idée de mettre une voile sur ma planche de skate afin de m’exercer sans la contrainte de la mer. »

« Ça me permet de voir le vent. Lorsqu’on tient la voile, on sent toute sa puissance passer à travers notre corps »

Très vite, ce qui devait n’être qu’un moyen de progresser en planche à voile devient une activité à part entière pour le jeune homme. « Ce que j’adore, c’est que ça me permet de voir le vent. Lorsqu’on tient la voile, on sent toute sa puissance passer à travers notre corps, avant de la transmettre à la planche. » Accro, il se renseigne sur la pratique mais ne trouve que peu de ressources sur Internet. Selon lui, la plupart des pratiquants français sont des véliplanchistes qui s’entraînent à l’occasion avec un windskate. Si bien qu’il se considère comme le seul dans le pays à le pratiquer « de manière régulière et convaincue ».

Visibilité

Ce constat, loin de le décourager, l’incite à se lancer dans le « projet de sa vie » : faire décoller la discipline. Depuis un an, seul à la barre face à ce gros défi, il multiplie les actions en ce sens. Il crée une page Instagram (gabrielhek), trouve deux sponsors allemands qui l’aident dans la confection de son windskate, réfléchit à des événements pour promouvoir la pratique, etc. Il est aussi en discussion avec Bizarre Skateboard, un fabricant rochelais de planches de skate artisanales, pour concevoir une planche adaptée. À terme, l’idée serait de créer un club ou une association. Mais avant, il faut attirer de nouveaux adeptes. Pour cela, il faut de la visibilité : « Je cherche des financements afin de pouvoir faire de la vidéo de manière plus professionnelle. »

Persuadé du potentiel de la discipline – pratiquée grâce à une énergie « gratuite et infinie » –, Gabriel Marie n’a qu’une crainte. Que son projet marche trop bien et entraîne des accidents : « Si tout le monde s’y met en ville, c’est le carton assuré. » La pratique demande en effet assez d’espace et ne peut être qu’un loisir. « On m’a déjà demandé si on pouvait aller au travail comme ça. Ce n’est pas un moyen de locomotion viable », sourit le jeune homme. Il attend toutefois le jour où un second pratiquant viendra le rejoindre sur l’un de ses spots : « Ce jour-là, je vais tomber des nues, c’est clair ! »