Trop chères, trop mouvementées, trop loin ? Les croisières à la voile sont souvent perçues comme un mode de vacances inabordable, une échappée qui exige aussi du temps et de supporter la houle. Mais tout dépend de la formule. On en a choisi trois, toutes voiles dehors. Et du vécu ! Des versions pour des budgets différents, pour quelques jours, une semaine ou un mois… Il en existe d’autres bien sûr, surtout avec le développement de la location en ligne de bateaux à moteur, de péniches, de voiliers, du plus petit au plus grand… « Un loisir qui, aujourd’hui, se démocratise », confirme Laurent Calando, cofondateur de SamBoat, la plate-forme leader où professionnels et particuliers louent yachts, sloops et autres catamarans. Question budget, selon le site, on arrive à un tarif moyen de 2 340 € par semaine pour un voilier de six personnes. Ajoutez 200 € d’extras (notamment le ménage), 50 € de carburant, 50 € pour une nuit au port, les services d’un skippeur si besoin est. Coût total : à partir de 615 € par personne la semaine, mais attention, sans les courses… Alors nul besoin d’être une star ou un vieux loup de mer pour prendre le large. Il faut surtout aimer le vent et les océans, les îles et l’horizon, le soleil et la sensation de liberté que voguer procure, jamais au même endroit d’un jour à l’autre.

La plus baroudeuse en conavigation, à la bonne franquette

A partir de 49 € l’adhésion de six mois au site vogavecmoi.com. Comptez de 15 à 30 € par jour, sans les courses.

Véronique, 62 ans, prévient : « Il faut avoir l’esprit d’aventure ! » Et à l’écouter raconter ses périples (souvent seule) depuis 2007 avec la Bourse aux équipiers, devenue le site Vogavecmoi, on se dit qu’il faut aussi avoir le pied marin. « Véro », c’est justement la fille qui fait la popotte en fond de cale quand il y a de la houle, la recrue parfaite pour skippeurs ou propriétaires de voiliers en tout genre, qui, en ligne, cherchent, outre des coéquipiers, de simples partenaires de cabotage. « On partage les frais de nourriture, voire de carburant, selon le vent, plus le prix des ports. Mais moi, je choisis toujours des capitaines qui privilégient le mouillage forain. C’est gratuit et l’on se retrouve dans des criques sauvages », précise-t-elle, décrivant ces petits matins seule à nager dans des eaux cristallines. « L’été dernier, on est partis de Grèce, mon compagnon et moi, pour visiter les îles jusqu’en Sicile en passant par le canal de Corinthe, quinze jours pour 1 500 € environ à deux », dit-elle. Son premier voyage ? « Un mois entre la Corse et l’Italie avec une amie. Il y avait deux autres filles très sympas, le capitaine pêchait des poissons pour le repas, on est tous devenus copains. » L’aventure, quoi…

La plus exotique en catamaran dans les Grenadines

A partir de 1 249 €, 9 jours-7 nuits, vol et pension complète compris, sur promovacances.com.

Comment oublier ce réveil à Sainte-Lucie, le bateau longeant les pitons rocheux que la jungle dévale dans une eau souple, d’où émerge soudain la silhouette de deux… dauphins ? « Des globicéphales », précise à voix basse le skippeur. Parti la veille au soir, le catamaran de 17 mètres a embarqué douze personnes (six cabines) depuis la Martinique. Une nuit mouvementée plus tard – la houle est forte dans le détroit –, les passagers s’éveillent dans ce paradis en eau calme des îles Grenadines. Premier bain merveilleux à Bequia et le catamaran reprend sa route vers l’île Mayreau, où, à l’arrière de la plage de Salt Whistle Bay, une colonie de pélicans est en pleine partie de chasse. La nature ici captive, faune et flore, dessus dessous, près des torrents ou sur la barrière de corail des Tobago Cays… On verra Moustique, Saint-Vincent, les villages bariolés des rastamen, les restos créoles, ces « lolos » où passer quelques soirées mémorables, avant de revenir sur l’autre flanc de Sainte-Lucie. Inoubliable.

La plus chic sur le plus grand voilier du monde

A partir de 869 € par adulte 4 jours-3 nuits entre Nice, la Corse et l’Italie, en all inclusive (hors aérien ou train) sur clubmed.fr.

Un couple enlacé fixe l’île d’Elbe qui s’éloigne à mesure qu’à plein volume les premières notes de Conquest of Paradise* enflent entre ciel et mer. Un rituel qui prend aux tripes à chaque départ. « J’ai envie de pleurer », dit une dame entre deux gorgées de spritz. C’est aussi l’heure de l’apéro sur le Club Med 2 : 187 mètres, cinq mâts, 2 500 m2 de voilure, 14 000 tonnes capables de filer à 16 nœuds (30 km/h) rien qu’à la voile… Jour et nuit, l’équipage veille. Les GO font le reste, sans parler d’une armée de petites mains hôtelières, à laquelle s’ajoutent 306 passagers ce jour-là. Pourtant, ça ne se sent pas sur les 2 000 m2 de teck blond avec, partout, une vue à 360° sur la Méditerranée. « Sur les paquebots, on peut passer une journée sans voir la mer », compare une habituée des croisières, au côté desquels la blanche goélette a l’air d’une barque. Déco acidulée, épaisses moquettes turquoise, fauteuils profonds au Saint-Barth avec vue sur la piscine (il y en a deux)… « D’habitude, je préfère les dorures », sourit la dame, finalement conquise par l’ambiance légère. « Tout le monde se tutoie », se réjouit également Marie-Jo, venue voir son fils Thomas, le plus gentil des organisateurs, qui, en bientôt cinq ans, aura fait le tour de la planète. Excursions, fitness, yoga, sports nautiques occupent le temps, jusqu’aux « chorés » qui, le soir, réunissent toutes les générations sur le dancefloor. C’est ça la vie sur le Club Med 2. Une grande famille et de la joie… Une certaine idée du luxe, sans les dorures.

* Thème principal du film 1492 : Christophe Colomb, composé par Vangelis.