D’abord l’impression de rouler en kart. Un coup d’œil en bout d’aile pour constater qu’une main amie la maintient horizontale dans la course. Puis l’affranchissement du sol qui libère de tout chaos. Devant, au bout du câble, le remorqueur grimpe et le planeur » flotte » maintenant derrière. Mouvements légers au manche et aux palonniers pour de fines corrections : en place arrière Guillaume Parisot pilote le décollage et la montée en veillant à rester dans l’axe de l’avion. Instructeur à l’association Vol à voile de la Montagne Noire, il annonce qu’ « on larguera à 1200 m d’altitude ».

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Le lac de Saint-Ferréol approche, à droite le barrage des Cammazes raconte lui aussi le Canal du Midi et au loin Castres se devine. Il nous décroche. Et la première observation, côté cockpit… C’est qu’on se parle sans micro ni casque. Pas de moteur mais l’air qui glisse et siffle : le vol à voile est par définition fils du vent. Et plus précisément du vent relatif, l’écoulement d’air créé par la vitesse du planeur, celle qui assure sa portance. Mais sur le tableau de bord, si l’on fait bien sûr d’emblée attention aux km/h pour ne pas décrocher, c’est un autre cadran qu’on surveille comme le lait sur le feu : celui du variomètre dont l’aiguille indique la perte ou la prise d’altitude de chaque côté du zéro.
L’art de la pompe
Car sans moteur, c’est bien dans le ciel du jour qu’il va falloir trouver les ressources pour voler longtemps et en sécurité… Prendre l’ascenseur dans les colonnes d’air chaud qui montent du sol, ces thermiques gonflés par le soleil d’été » que les vélivoles appellent des » pompes » « , rappelle Guillaume. Au déjeuner, Laurent, en stage, a donné la bonne image. Celle de la casserole d’eau qui chauffe avec les bulles qui montent proportionnellement à la température. » Là, il y en a toujours une au-dessus de cette carrière « , indique Guillaume. Le vario frémit. L’aiguille monte. Il met le planeur en virage pour enrouler l’ascendance Reprendre ce qu’il faut d’altitude pour » avoir de l’eau sous la quille » jusqu’à la prochaine « pompe » ou pour rentrer au terrain. En virant, Castelnaudary, le Pic de Bugarach et Carcassonne défilent au loin.

Mais l’élève regarde surtout l’instrument essentiel du planeur : le fil de laine scotché sur la bulle du cockpit, dehors, au milieu, juste au-dessus du tableau de bord. _ » C’est le plus simple et le plus important. On peut piloter sans instrument, juste avec la position du capot face à l’horizon mais le fil permet, lui, de garder la symétrie du vol. S’il est droit, le vol est symétrique, s’il part à gauche, il faut mettre du pied à droite, s’il part à droite, du pied à gauche. Un vol dissymétrique dégrade les performances mais surtout peut être très dangereux car il peut conduire à la vrille « , explique Guillaume sortant de la pompe à 1 200 m pour repartir vers Saint-Ferréol en quête d’une autre ascendance. » Le planeur, c’est une prise de décision toutes les 10 secondes, c’est aussi pour ça que c’est une très bonne école « , pointe-t-il.
Tout en finesse
Une école de la finesse dans tous les sens du terme. Pour le pilotage et parce que… La finesse, au tableau noir, c’est le rapport entre la portance et la traînée d’un aéronef. Mais une fois qu’on a dit ça… Ce qu’on retient surtout c’est que c’est aussi le rapport entre la distance parcourue et la hauteur de chute. Une finesse » 1 « , ça tutoie le caillou, par exemple : 1000 m de chute offrent un vol d’un kilomètre avant de toucher la planète. Par contre, le Janus « C » biplace sur lequel on évolue aujourd’hui est donné pour 43 de finesse, soit 43 km de distance sur 1000 m de descente rectiligne. De quoi se balader quand on sait jouer à saute-mouton de pompe en pompe. Et savourer les abords du terrain de la Montagne noire » qui marque l’extrémité sud-ouest du Massif central « , ponctue Guillaume. Un terrain de référence, en l’occurrence. Flash-back.
Un terrain aux monuments historiques
Centre école national de vol à voile pour la formation des pilotes entre 1932 et 1980, il reste en effet un monument historique avec ses anciens bâtiments et surtout ses deux hangars « Mistral », classés. Le premier héberge le musée d’aviation de la Montagne Noire. Le second les planeurs du club.

« Pendant la Deuxième guerre mondiale, le site a fermé. À la Libération, le centre a récupéré ces hangars démontables des années 30 avec leur extraordinaire charpente en bois que les Allemands avaient stockés dans des caisses à Blagnac », explique Florian Blanc, président du Vol à voile Montagne Noire, également instructeur et ingénieur aéronautique, comme Guillaume. Au-delà de l’architecture, les trois planeurs ASK13 en bois et toile ajoutent au charme historique. Livrées du jaune d’or au rouge en passant par l’orange mais aussi maillot blanc à pois rouge pour le » meilleur grimpeur » : l’ambiance est d’emblée chaleureuse, aux copains autour des machines « école ».

Instructeur avion professionnel, Laurent, la cinquantaine revient regoûter aux sensations du vol pur. Étudiante en dentaire, Sandra, 23 ans, vient là » pour [se] faire plaisir » comme Milena, 26 ans, contrôleuse de gestion, tandis qu’Hélène, 54 ans, entame son stage de découverte de trois jours. Pour Sandra comme pour Milena, la journée est importante. La première est en » formation campagne « . Lâchée » solo » en vol local, elle apprend à passer de la Montagne Noire au secteur d’un autre terrain – Albi aujourd’hui – à gérer les fréquences radio, la météo à l’aller et au retour. » Et à repérer en permanence une solution de repli « . » Aller aux vaches « , » se vacher « , bref être obligé de se poser dans un pré ou un champ faute de réserve d’altitude suffisante pour rentrer, aucun pilote ne le souhaite. Mais un terrain improvisé en campagne peut vous sauver, alors ça s’apprend. Pour Milena, la pression est là aussi : elle progresse bien et approche du » lâché « , l’impressionnant premier vol « solo »…

Baptême pour Robert, octogénaire
Arrivent Robert, 84 ans, et sa famille. » C’est un baptême pour mon anniversaire « , sourit l’octogénaire. Planeurs et remorqueur » Midour » sortis, inspection de la piste et visite prévol des machines terminées en ce début d’après-midi, Guillaume fait le briefing pour tout le monde. Le vent est au nord, nord-ouest, les cumulus du matin, si pratiques pour trouver les pompes se sont dissipés, » mais ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas qu’il n’y a pas d’ascendances « , rassure-t-il les novices… Voilà, » y a plus qu’à… » Aux commandes du Midour, Mathieu, futur pilote de ligne, peut commencer la noria des remorquages tandis qu’au sol, le vol à voile se révèle aussi sport d’équipe de la piste à la tour où Aurélie prend » la planche » pour noter décollages et retours.
La fin des vols ? » C’est quand arrivent les pizzas « , sourit Florian qui, avec l’équipe du club travaille aussi à l’avenir. » La Montagne Noire, c’est le seul terrain où l’on peut remorquer les planeurs avec une voiture, comme dans » La Grande Vadrouille » mais nous venons aussi d’acheter un treuil afin de réduire les remorquages « , explique-t-il. Objectif : » Quatre fois moins d’émissions de CO2 « , indique le président. Robert revient. Alors ? » Impressionnant mais j’ai beaucoup aimé « . Pas mieux.
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