À quoi est due la remontée récurrente de nuages de sable du Sahara sur la France ?
« En règle générale, même si les contextes météorologiques peuvent être un peu différents, c’est toujours la même organisation qui se met en place », note Damien Donnet. Concrètement, le phénomène survient lorsque plusieurs facteurs se réunissent : d’un côté, le sable du Sahara est balayé par des vents qui, à force de soulever et faire retomber les grains, finissent par les fracturer en poussières qui s’élèvent dans l’atmosphère. De l’autre, des masses d’air passent au-dessus du Sahara, se chargent de ces poussières désertiques puis les font voyager loin de leur point d’origine.
Selon l’orientation des flux, les poussières sont transportées dans plusieurs directions. La France, elle, est particulièrement touchée « entre fin janvier et avril, lorsqu’il s’agit de flux de sud », indique Vincent Guidard. Plus tard dans l’année, les poussières atteignent plutôt l’Atlantique, les Antilles, puis la Floride et la Guyane, ou à l’inverse, l’est de l’Afrique, voire le proche-Orient.
Le Sud-Ouest est-il particulièrement concerné ?
« La Nouvelle-Aquitaine est la première région métropolitaine touchée, avec l’ouest-Bretagne », précise Damien Donnet. Cependant, toute l’Europe peut être concernée. Une fois passé au-dessus du Sahara et s’être gorgé de poussières désertiques, le flux d’air remonte en effet soit par la Méditerranée occidentale soit par la péninsule ibérique, ce qui laisse sur son trajet une bonne partie de la France, l’Ouest en tête, mais aussi, plus ponctuellement, le Sud-Est.
« L’intensité des vents permet ensuite au sable de remonter plus ou moins haut vers le Nord. « Le signal se perd au fur et à mesure que l’on remonte », note Damien Donnet, mais dans certains cas, les particules peuvent être transportées jusqu’en Belgique ou en Allemagne. Le nuage attendu cette fin de semaine devrait quant à lui toucher l’Angleterre et même la Scandinavie, informe Vincent Guidard.
Le phénomène va-t-il s’amplifier avec le réchauffement climatique ?
Selon Nicolas Guidard, aucune étude ne permet à ce jour d’affirmer que le phénomène est en augmentation. « Contrairement aux températures, pour lesquelles nous disposons de relevés fiables dans de nombreuses stations sur des dizaines d’années, la mesure des particules de sable dans l’air, elle, manque de données », note Vincent Guidard. « Cela fait seulement 10 à 20 ans que nous disposons d’outils précis de mesure, ce qui nous permet de commencer à constituer des séries mais nous laisse moins de recul. »
Par ailleurs, comme plusieurs autres organismes, Météo France fait tourner de nombreuses projections climatiques, dans le cadre des travaux du GIEC, notamment sur l’évolution des flux d’air. Or, « pour l’heure, il n’existe pas d’études précises sur les retombées de ces modifications pour la France, il n’est donc pas possible d’établir quelles vont être les tendances ces prochaines années », indique le chercheur.
À l’international, une étude publiée dans la revue « Atmospheric Research » en 2019 a quant à elle analysé la concentration de poussières désertiques dans l’air sur la région méditerranéenne pendant 11 ans. Elle conclut à la non-augmentation des remontées de sable du Sahara sur la Méditerranée occidentale sur la période.
Comment expliquer le sentiment d’intensification dernièrement ?
« Ces quatre dernières années, les nuages de poussières ont été particulièrement visibles en France métropolitaine », avance Vincent Guidard. « Le fait que l’on ait été en période de confinement, avec davantage de temps libre, a probablement joué dans cette attention prêtée au phénomène, avec des internautes qui partageaient des photos en ligne, les médias qui s’y sont intéressés… mais ces événements ne sont en réalité pas nouveaux. Si l’on se souvient un peu de notre enfance, les voitures étaient déjà régulièrement couvertes d’une fine poussière ou le ciel particulièrement voilé certains jours, sans que l’on donne une explication précise à cet état de fait. Aujourd’hui, on observe simplement les choses avec un regard différent, plus informé. »
Par ailleurs, la manière dont nous percevons le phénomène n’est pas liée au taux de concentration des poussières de sable dans l’atmosphère : « par temps sec, par exemple, il peut y avoir très peu de dépôt au sol mais un nuage très concentré en altitude », note Vincent Guidard. « À l’inverse, lorsqu’il pleut, les particules deviennent plus visibles, parce que la poussière se transforme en boue orangée. » Selon l’ingénieur, l’aspect du ciel change également en fonction de l’heure ou de l’orientation du nuage : de légèrement grisâtre à franchement orangé, ce dernier peut parfois être pris pour une simple brume ou attirer davantage l’attention de la population.
Quel impact ces particules de sable ont-elles sur la météo et l’environnement ?
« Bien souvent, les particules de sable jouent un rôle de filtre sur le rayonnement solaire, donc faire baisser les températures de 1 à 2°C », indique Damien Donnet, « mais c’est un phénomène qui est encore suffisamment mal documenté pour que l’on puisse avoir une prévision fine, précise en fonction de chaque taux de concentration. Par ailleurs, dans certains cas, les poussières peuvent « servir de base à la création de cristaux de glace en altitude, et donc de nuages qui vont participer à refroidir l’air », précise Vincent Guidard.
Au sein d’un flux d’air chaud venu du sud qui augmente sensiblement les températures en France lorsqu’il survient, le sable pourrait donc jouer un rôle de « régulateur », en atténuant cette chaleur.
Par ailleurs, ces poussières sont généralement plutôt bonnes pour notre planète. Elles sont même d’une importance vitale pour les plantes et les océans. Les fragments minéraux qui composent le panache de poussière du Sahara sont en effet souvent riches en fer et en phosphore, essentiels aux plantes terrestres et aux phytoplanctons, comme le souligne National Geographic.
La présence de sable dans l’atmosphère est-elle dangereuse pour la santé ?
Les remontées de sable du Sahara entraînent une augmentation des concentrations de particules fines dans l’air, dont l’effet néfaste pour la santé, notamment des plus fragiles, est largement documenté. Ces particules peuvent notamment aggraver les allergies, en jouant un rôle irritant, mais aussi accentuer les problèmes respiratoires existant, chez les asthmatiques par exemple. Elles peuvent également entraîner des irritations des yeux, du nez et de la gorge chez l’ensemble de la population.
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L’OMS recommande de ne pas s’exposer à ces poussières lorsqu’elles dépassent le seuil de 45 microgrammes/m3 en moyenne quotidienne. « Lorsque ces poussières désertiques se retrouvent dans les particules dites grossières (PM10) (soit un diamètre inférieur à 10 micromètres), elles pénètrent dans l’organisme. Leur quantité peut engendrer des effets sanitaires et affecter gravement la santé », rappelle quant à elle l’ATMO Nouvelle-Aquitaine.
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