Comme beaucoup de marins, Yan Morand est tombé dans la marmite lorsqu’il était minot. « J’avais six ans quand mes parents ont acheté leur premier bateau, se souvient-il. On passait plus de temps à écoper et à réparer ce vieux modèle en bois qu’à naviguer ! On a tout appris avec mon père et grâce aux bouquins. » Le second voilier de la famille l’embarquera en pleine Méditerranée, jusqu’aux îles Baléares. « À chaque vacance, on prenait le large. Ça a duré une douzaine d’années. »

Hommage à deux êtres chers disparus

Élu municipal châlonnais – adjoint en charge des sports puis de la sécurité – durant neuf ans et kinésithérapeute de métier, Yan Morand a volontairement mis fin à son engagement politique en 2017 pour se consacrer à sa vie professionnelle et personnelle. Ce passionné de sport, par ailleurs responsable de l’école de rugby du Club olympique de Châlons (Coc), affiche une dizaine de marathons et quatre triathlons « Ironman » à son palmarès. « Je suis un ancien bigorexique, concède-t-il. J’étais dépendant à l’activité sportive et au dépassement de soi. Je le suis encore un peu, de façon beaucoup plus maîtrisée. À l’aube de mes 50 ans, j’ai gagné en maturité ! » Voici deux ans, il renouait avec ses premières amours nautiques et devenait l’heureux propriétaire d’un Océanis 411, baptisé « Bibl’eau » en hommage à deux êtres chers disparus. « Mon père Jacques, qu’on surnommait « Bibiche » et mon neveu Loan, parti à l’âge de 20 ans seulement. C’est un bateau de 12,5 mètres réputé pour sa stabilité et ses performances en haute mer. J’étais moyennement à l’aise au départ, mais l’instinct marin revient vite. »

« Je sais l’humilité que demande une telle aventure »

La traversée de 3 500 milles à la voile, soit près de 6 500 km, qu’il prépare le mènera de Canet-en-Roussillon, où est amarré le « Bibl’eau », aux Antilles françaises. Elle s’étendra de novembre 2024 à février 2025, avec une escale de deux, peut-être trois semaines à la Martinique. « Ma plus longue sortie seul à bord a duré 30 heures. Les décès de mes proches et le covid m’ont conforté dans cette décision. Notre vie pro et sociale file à 10 000 à l’heure. J’ai besoin de cette parenthèse personnelle pour me retrouver et je sais l’humilité que demande une telle aventure. » D’autant plus lorsqu’elle se vit en solitaire. « Je m’entends bien avec moi-même, sourit l’instigateur. Il y aura des phases d’euphorie, le côté idyllique des levers et des couchers de soleil, le fait de croiser des mammifères marins, etc. Mais aussi des périodes de doute et de crainte. Il faudra affronter la mer agitée et les tempêtes, gérer les réparations si besoin, optimiser les denrées et l’énergie pour les équipements électroniques. Je peux m’arrêter à Gibraltar en cas de problème technique. Au-delà, il n’y a absolument rien. Le retour sera plus long du fait des vents contraires. Sans doute un mois et demi. »

Navigation astronomique et panneau solaire

En amont, rien ne doit être laissé au hasard. Quelques mois avant le grand départ, Yan Morand s’entraînera à dormir à même le sol, comme dans une cale, et jamais plus de 20 minutes d’affilée. « Le réveil va sonner très souvent ! Je dois m’habituer à ces micro-repos et à ce rythme de sommeil en mer. Je prévois également un stage de navigation astronomique pour apprendre à me repérer grâce à un sextant, comme Christophe Colomb. » Côté nouvelles technologies, l’Océanis se dote déjà d’une balise de sécurité géolocalisée. « Le souci, c’est qu’on n’a aucun réseau sur l’Atlantique. J’utiliserai le fournisseur d’accès à internet par satellite Starlink pour collecter les données météorologiques quotidiennes et communiquer avec mes proches. » Un panneau solaire conçu par l’entreprise locale Silicéo et installé à l’arrière du voilier lui procurera, outre celle du vent, l’énergie renouvelable nécessaire – l’équivalent de 1 500 W/heure – pour ce périple. Le navigateur envisage d’investir dans un dessalinisateur d’eau si son budget, estimé entre 30 000 et 50 000 €, le permet. « Idéalement, j’aimerais le boucler en mars. J’ai déjà réuni 20 % de la somme grâce aux dons et au sponsoring. »

Un projet pédagogique avec les écoles châlonnaises

L’aventure pourrait s’accompagner d’un projet pédagogique à destination des scolaires, actuellement en cours de discussion avec la municipalité. Objectif, via des échanges en visio et en live : partager avec eux toutes les dimensions du voyage. « La géographie et les maths à travers l’itinéraire et les coordonnées GPS, par exemple, l’aspect environnemental en évoquant les paysages, les mammifères marins et l’impact de la pollution sur cet écosystème, etc. On peut aussi imaginer un livret ludique et éducatif à l’issue. » L’ambassadeur souhaite promouvoir sa ville de cœur et ses atouts jusqu’en Martinique. « Pourquoi pas en y apportant du champagne Joseph Perrier et en créant un partenariat avec leur rhumerie emblématique. » À suivre ! La finalité de antillesvoile.com est de débattre de Pratiquer la voile aux antilles en toute authenticité en vous donnant la visibilité de tout ce qui est en lien avec ce thème sur le net Ce texte est reconstitué aussi exactement que possible. Si vous projetez d’apporter quelques modifications sur le thème « Pratiquer la voile aux antilles », vous avez la possibilité de d’échanger avec notre journaliste responsable. Ce dossier autour du sujet « Pratiquer la voile aux antilles » a été trié en ligne par les spécialistes de la rédaction de antillesvoile.com En consultant de manière régulière notre blog vous serez informé des futures parutions.