Depuis le soulèvement déclenché au mois de septembre 2022 en Iran, dans les moments critiques de prise de décision, le régime iranien ne choisit pas entre le bien et le mal mais entre le pire et le « moins pire ». Ce mouvement de contestation a porté un coup fatal au port obligatoire du voile et à la religion obligatoire. Les femmes et les jeunes filles, dont le courage et le sacrifice ont inspiré les Iraniens, ont pu faire reculer le pouvoir. La moitié des femmes aujourd’hui, malgré de nombreuses menaces et châtiments, comme les travaux forcés, ne se soumettent toujours pas au hijab obligatoire. Récemment, une militante des droits humains emprisonnée a refusé de comparaître devant le tribunal avec le voile.
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Sur la question du hijab obligatoire et des patrouilles des mœurs, deux points de vue s’opposent au sein du régime depuis le début du soulèvement. L’un soutient que si les patrouilles reviennent pour réprimer et contenir la société, cela reviendra à jeter des braises dans le baril de poudre d’une société explosive et déclenchera un soulèvement qui frappera le régime plus durement que le précédent. Vu sa faiblesse extrême, il s’effondrera. L’ancien président Khatami qualifie le retour des patrouilles d’« autorenversement ».
L’autre point de vue estime que si le phénomène de non-voilement se répand et que son ampleur augmente chaque jour, il entraînera la diminution rapide du noyau dur qui commet les actes les plus violents au sein du Corps des Gardiens de la Révolution, du ministère du Renseignement, et de nombreux autres organes de répression. Jusqu’à présent, la théocratie iranienne croyait qu’il suffisait qu’un groupe minoritaire au sein du pouvoir soit suivi par le reste de la nation, même par la force, pour parvenir à établir une nation islamique à l’image des califes ottomans. Mais quand ce noyau dur idéologique se désintègre, le guide suprême se désintègre aussi.
Obligatoire
Le Guide Suprême s’est maintenu au pouvoir par l’usage de la force. Par conséquent, il perd tout son sens sans hijab et gouvernement obligatoires. Tout cela est lié. Se débarrasser du hijab obligatoire n’est possible qu’en se débarrassant du Guide Suprême, en rejetant un système étatique édifié autour de ce principe. Le conflit principal entre le peuple et le pouvoir a donc pour objet la souveraineté usurpée par le Guide Suprême, hier Rouhollah Khomeyni, aujourd’hui Ali Khamenei.
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Ce dernier, cependant, veut continuer à imposer le hijab obligatoire à toute la société avec des patrouilles des mœurs, pour transformer la bataille que livre le peuple au pouvoir en un simple conflit autour du voile, tout en sachant que la reprise de la patrouille est susceptible d’allumer la prochaine insurrection. Avec le retour des patrouilles du vice, un artiste récemment libéré de prison a appelé des femmes à sortir dans la rue avec des machettes. Il voulait sans doute dire qu’il fallait résister sans pour autant laisser la haine générale contre la dictature dérailler en haine du hijab, pour permettre au régime d’atteindre son objectif.
Liberté
Le résultat inévitable du libre choix du hijab est la défense des femmes non voilées et de celles qui s’opposent fermement au voile obligatoire. C’est la raison pour laquelle les médias officiels attaquent vigoureusement la dirigeante de l’opposition iranienne, Maryam Radjavi : « Pourquoi porte-t-elle un voile tout en lançant des slogans contre le hijab obligatoire et la religion et le gouvernement obligatoires ? » Peut-être pensent-ils que la défense de la liberté de vêtement par une femme voilée a un impact plus fort. L’anniversaire de la mort de la jeune Kurde Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, qui a déclenché un soulèvement inédit, approche. Inutile de dire combien la dictature le redoute.
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Il est peu probable que le régime parvienne à réduire l’enjeu principal, l’usurpation de la souveraineté populaire, à un conflit sur le voile, pour préserver le noyau dur de son idéologie. Personne n’est dupe en Iran, et surtout pas les femmes. La fin des discriminations sexuelles et des violences étatiques dont elles sont la cible passe par la fin du régime. Elles l’ont très bien scandé dans la rue : avec voile ou sans voile, on avance vers la révolution !
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