« Quand j’étais plus jeune, je trainais sur les pontons de la Trinité (Morbihan) pour regarder les voiliers. Je rêvais qu’on me dise : vas-y, monte ! », se remémore Yann de Framond, 58 ans, Lyonnais qui fait mouiller son voilier sur le Vieux-Port de Marseille. « Maintenant, je fais monter les jeunes sur le miens », poursuit-il.
Lorsqu’il descend sur Marseille pour profiter de son Figaro 3 qu’il a nommé « le TALBY », Yann propose systématiquement à des amateurs locaux de l’accompagner gratuitement sur ce bateau de course d’exception.
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Un marin lyonnais
« Sortir seul, je ne le fais plus. Je ne suis pas skipper pro », dit-il avec modestie. Pourtant, le chef d’entreprise n’a pas à rougir de son CV de marin. Il a participé à la course de l’Edhec lorsqu’il était étudiant, navigué entre les îles anglo-normandes, traversé à de multiples reprises la Méditerranée.
Cette année encore, il a relié la Bretagne à Marseille en 17 jours, traversant le détroit de Gibraltar, pour transférer son bateau de son ancien port d’attache au Vieux-Port (1e).
Surprenant pour un homme né dans une ville située loin de la mer. Lyonnais de toujours, il a commencé la voile chez les Scoots marins de la Capitale des Gaules, faisant ses premières sorties sur le lac le plus proche.
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Il n’a jamais vraiment lâché la barre
Depuis, il n’a jamais vraiment lâché la barre. Excepté un aparté de quelques années pour se concentrer sur le vélo, sa deuxième passion, mais aussi sa famille. Père de trois enfants, il se souvient de ses sorties en mer en famille à qui il n’a, à son plus grand regret, jamais réussi à donner le goût de la mer autant qu’il le souhaiterait.
« Ma fille est dans le club de voile de son école, mais je ne sais pas si c’est par passion ou pour me faire plaisir », plaisante-t-il, tout de même visiblement fier.
« Ça ne me dit rien de naviguer tout seul »
Quand Yann fait l’aller-retour Marseille-Lyon dans la journée pour profiter de la grande bleue, il demande sur un groupe WhatsApp de voile à Marseille, si quelqu’un a envie de le suivre. « Ça ne me dit rien de naviguer tout seul », explique-t-il.
« Quand il m’a contacté, je n’ai pas hésité une seconde. C’est un petit rêve d’être sur un Figaro 3, on est très chanceux aujourd’hui », sourit Marine Garnier, visiblement aux anges en préparant le navire sur le quais du Vieux-Port. Yann sait bien s’entourer. Marine a participé à de nombreuses compétitions à Marseille, mais aussi sur la Manche et dans l’Atlantique.
A bord du TALBY, Carlota Alonzo est tout aussi enthousiaste : « C’est un très beau bateau ». Pourtant, elle aussi a déjà tenu la barre de plus d’un voilier. Originaire du Mexique, elle est arrivée en France il y a trois ans. Elle a appris à naviguer sur l’océan Atlantique et sur la mer des Antilles. Aujourd’hui, elle fait partie de l’équipe au sol de l’Ocean Race, une régate internationale.
« Quand je suis arrivé à Marseille, j’ai contacté des jeunes du pôle France pour m’accompagner », explique Yann, qui a déjà tissé un bon réseau d’amateurs et professionnels de la voile. Cependant, il a déjà eu des mauvaises expériences : « Je me suis déjà retrouvé avec des gars qui avaient un peu gonflé leur CV. Si tu te retrouves à tout faire avec 30 nœuds de vent, ça devient dangereux « .
Prendre le temps
Il le concède : ce qui est agréable avec la voile, c’est de prendre le temps. Alors, l’aller-retour entre Lyon et Marseille pour une journée en mer lui laisse parfois une légère frustration. « Prendre le train, aller sur le bateau, regarder sa montre, reprendre le train, tu n’as pas forcément le temps de te laisser aller », regrette-t-il.
Il essaye tout de même de profiter de son navire une fois toutes les deux semaines. Le reste du temps, il est à quai, sur le Vieux-Port, entre les mains de la compagnie Sail Easy qui le loue à l’heure à des particuliers.
« 13 h 30, je suis en réunion à Lyon, à 16 h je quitte le Vieux-Port à la voile et j’ai eu le temps de travailler dans le train. »
Patron depuis 38 ans d’une boîte de machine-outil, même en mer, Yann garde un pied sur terre. « Quand il y a une commande à 20 000 euros, je suis toujours là », plaisante-t-il en raccrochant son téléphone après un appel avec un client, passé entre deux coups de barre.
« Pourquoi pas, un jour, repartir en solitaire »
« Je ne suis plus tout jeune, il faut que je profite encore de naviguer avec des gens », explique le quinquagénaire. C’est pourquoi il a décidé en octobre dernier de récupérer son voilier. Ce Figaro 3 est un bateau rare. Il en existe qu’une soixantaine dans le monde. Particulièrement performant, c’est un modèle qui a été spécialement dessiné pour la course éponyme.
Il l’a acheté il y a quatre ans « en tant qu’investisseur », pour le prêter à Robin Marais, un skipper professionnel qui a déjà participé à la Route du Rhum et au Figaro. En échange de ce sponsoring, il a obtenu une petite semaine de cours et des conseils.
« Le Figaro, c’est une des courses en solitaire les plus difficiles. Longue, beaucoup d’effet de courant, très peu de sommeil, c’est un truc surhumain »
Alors, lorsque Robin Marais décide de s’acheter son propre bateau, Yann récupère le sien et l’emmène à Marseille. « En l’achetant il y a quatre ans, j’avais déjà l’idée en tête, d’un jour, le ramener pas loin de chez moi pour pouvoir en profiter ». Depuis qu’il l’a récupéré en octobre, il a installé un petit lit, un réchaud, un frigo, des toilettes et quelques décorations supplémentaires.
Avec ce poids en trop, le voilier ne serait plus compétitif pour la course du Figaro. Aujourd’hui, il trône sur le Vieux-Port et régale les jeunes fans de voile marseillais. Quant à lui, Yann compte bien dormir dessus cet été et « pourquoi pas, un jour, repartir en solitaire ».
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