
Croit-il au destin, Sam Goodchild ? En tout cas, le destin croit en cet Anglais de 35 ans et lui a fait une sacrée carrière où les succès ont été des rebonds de grands creux. La période actuelle est plutôt propice : il succède à Charlie Dalin, qui soigne un cancer, à la barre de « Macif », l’attelage vainqueur du dernier Vendée Globe, puis prendra en 2027 la barre d’un nouveau bateau de l’écurie la plus puissante du circuit, jusqu’en 2030.
Un choix logique pour le remarqué 9e du dernier Vendée sur un bateau un peu ancien, avec lequel il était toujours monté sur le podium en 2023, nouvelle brochette de performances depuis dix ans. « Une chance, avec du temps pour faire des essais, progresser. »
Macif, une chance
Ce jeudi à son hôtel, il arrive force tranquille, muscles étirant un simple tee-shirt et sourire aux lèvres à cette question sur le destin. « Peut-être que je vais finir par y croire…. Mon préparateur mental me dirait qu’il le faut. »
Quand Macif l’appelle en mai, c’est d’abord pour quelques mois, qui se transforment donc en cinq ans dès l’automne. « J’étais alors à la recherche d’un sponsor, en contact avec mon ancien partenaire Leyton. J’aurai pu prendre d’autres chemins ces douze derniers mois, il y a des scénarios possibles où j’aurais pu dire non à Macif, même en août… »
Son ‘‘prépa mental’’, pour le dernier Vendée, lui a « appris à profiter de l’instant présent ». « Il y a tellement d’aléas, de projets, de contrats pour un an, six mois, des plans qui changent.. Il faut juste profiter de ce qui se présente. »
La mer, sa vie
Il le savait bien, car le destin, depuis longtemps, lui a forgé cette philosophie. Avec de l’or d’abord. « La mer, enfant, c’était ma vie. J’ai vécu sur un bateau durant dix ans, mes parents sont partis en croisière aux Antilles et y ont travaillé. À 14 ans, j’ai découvert le large à travers le Vendée Globe, celui de 2004, le record autour du monde en trimaran d’Ellen MacArthur en 2005 (71 jours et 14 heures). Je rêvais de relever ce défi : faire un tour du monde seul sur un bateau aussi gros. En compétition. »
Il a failli mourir en mer, puis tout arrêter, et surtout, il a beaucoup gagné
Forgé en plomb aussi, avec de gros coups durs au milieu des succès. « Je tombe à l’eau en 2011 dans les mers du Sud, en Class40 avec Conrad Colman. Il m’a cherché intelligemment mais m’a trouvé un peu par hasard. Je suis resté quarante minutes dans l’eau, j’ai failli y passer. En 2014, sur le tour du monde en équipage, le skipper Iker Martinez, en désaccord avec Michel Desjoyeaux, le débarque avec les hommes qu’il avait recrutés. Dont moi, victime collatérale, mais c’était dur. Sur la Route du Rhum 2022 je pars pour gagner [en Ocean Fifty avec Leyton, NDLR], j’abandonne, blessé par une manivelle, héliporté, dès le départ. »
Pas de quoi arrêter ce « têtu, ce qui est une qualité et un défaut, calme, maître de mes émotions » qui se « concentre sur ce que je peux faire pour que ça aille mieux plutôt que de me faire du mal » et transformer le plomb en or. Souriant à la chance et réciproquement. « En 2018 j’avais failli tout arrêter, rien ne marchait, quand Netflix me contacte : ‘‘Est-ce que tu veux un bateau pour courir la Route du Rhum ?’’ On finit par se dire profite de l’instant, tu ne sais pas ce que sera l’an prochain. »
Adaptation
Il accumule les performances, en 2023, donc en monocoque Imoca, après avoir dominé le circuit des trimarans Ocean Fifty en 2021, remporté la Dreahm Cup 2020 en Figaro devant Tom Laperche et Armel Le Cléac’h.
Multisupports « un peu par hasard, au gré des opportunités, un peu par volonté, car j’aime ça, passer du Class40 (12 mètres) à Spindrift (trimaram de 40 mètres) », le skipper Macif souligne qu’il sait s’adapter, à force d’avoir été « toujours un peu étranger, seul Anglais au milieu de 250 écoliers Antillais, au pays français de la course au large », lui qui vit près de Lorient depuis 2014 et a épousé une Française.
On l’imagine encore à l’aise, avec son co-skipper Loïs Berrehar, futur rival à bord de l’Imoca « Banque Populaire » (lire ci-contre). Au sein des réunions de chantier du nouveau bateau aussi. « On est une douzaine, je suis le seul qui n’a jamais construit un bateau et n’est pas architecte naval. Mais j’ai fait des tours du monde, navigué sur des bateaux différents. Je ne peux pas apporter les mêmes choses que Charlie mais on échange, aucune décision n’est prise seule. » Et il faut écouter le bon fils du destin…
Triple relève
Outre Sam Goodchild pour remplacer Charlie Dalin, « Macif », un des favoris de la Transat Café L’OR, embarque en co-skipper Loïs Berrehar, 31 ans, brillant Figariste et skipper du futur monocoque Banque Populaire, en construction pour 2027. Dans l’équipe où Charlie Dalin reste conseiller performance, figure Charlotte Yven, 28 ans, première femme sur le podium du classement général de la Solitaire du Figaro, cette année. Pas exclu qu’elle récupère à terme l’actuel Macif si un sponsor se manifeste.
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