Charline Picon et Sarah Steyaert ont décroché le bronze en 49er FX à Marseille.
Charline Picon et Lou, sa fille, avaient fait un serment : porter les mêmes bracelets bleu-blanc-rouge, fabriqués par la fillette de 6 ans. « Lou a du mal avec l’absence, nous confiait sa maman avant les Jeux. Ces bracelets à nos poignets sont une façon de garder le lien quand je suis loin. » C’est également un gri-gri qui lui a porté chance ! Remporter trois médailles olympiques dans deux disciplines différentes est un exploit inédit. Et Charline vient de le réaliser, en décrochant la médaille de bronze avec Sarah Steyaert, en 49er FX, dériveur en duo féminin.
Charline est habituée à marquer les esprits. En effet, médaillée d’or en 2016 à Rio, la véliplanchiste a choisi de faire un bébé entre deux olympiades. Après l’euphorie de Rio, la jeune femme a ressenti un grand vide. « Je ne m’attendais pas à cette mini-déprime. De retour en France, tout retombait. » Heureusement, le projet de maternité va l’aider à se relever, « mais ça ne t’occupe pas toute la journée, plaisante-t-elle.
Mano, mon compagnon, m’a offert un chien, une Beagle, qu’on a appelé « Medal Race » (c’est aussi le nom donné à l’ultime course dans une compétition olympique, celle qui concourt pour une médaille), pour me tenir compagnie », ajoute-t-elle rigolarde. Plus sérieusement, elle vise déjà la reconquête de l’or pour les Jeux de Tokyo. Médaillée en août 2016 à Rio, enceinte en novembre de la même année. « La fédération a très bien accepté », précise Charline, et l’armée avec qui elle est en contrat l’a gardée sous son aile. La jeune femme donne naissance à Lou le 31 juillet 2017. À la reprise de l’entraînement, 6 mois plus tard, « Le cardio est revenu assez vite, explique la voileuse, les muscles aussi. Le corps a une sacrée mémoire. À cette époque, Charline trimballe sa fille partout sur le circuit. À Miami, au Danemark, aux Seychelles… la petite fait ses premiers pas au Japon ! Ses parents jouent les nounous quand Mano ne peut pas les accompagner. « Je voulais construire pleinement le lien mère-fille. » Puis, Lou grandit et mener un projet olympique et la maternité de front s’est révélé ardu. « J’avais du mal à récupérer physiquement et mentalement. Quand tu rentres de l’entraînement, tu ne peux pas faire qu’un bisou et un câlin et c’est tout ! Un enfant demande de l’attention et de l’énergie. Un jour, je suis allée voir Richard Ouvrard, mon coach mental, et je lui ai avoué que j’étais au bout de ma vie », reconnaît la championne. Richard l’accompagne depuis le début dans son projet de « maternité olympique ».
Gérer l’avant, le pendant et l’après grossesse
Ils ont échafaudé ensemble, l’avant, le pendant et l’après grossesse. « Il m’a dit qu’être maman m’apporterait de nouvelles compétences… a posteriori, j’ai sûrement gagné en sagesse et en maturité mais sur le moment… je souffrais », reconnaît-elle. Nouveau contexte. Nouvelle organisation. Lou reste désormais à quai lorsque sa maman part en stage ou en compétition. Aidé d’une nounou, Mano garde Lou à La Rochelle, où ils habitent quand Charline est au bout du monde. « Ils sont souvent seuls tous les deux, explique l’athlète. Mano a 17 ans de plus que moi. Il a déjà 2 grands enfants. Et c’est lui qui a été moteur pour que je continue la compétition. »
Revenue au premier niveau avant Tokyo, Charline remporte l’argent en 2021 et concrétise la promesse, faite à sa fille, celle de grimper au moins sur le podium au Japon. Et cerise sur le gâteau d’anniversaire : cette consécration arrive le jour où Lou fête ses 4 ans, à distance. Restée en France avec son papa pour cause de Covid, la fillette a récupéré ensuite sa médaille en cadeau. « J’étais la seule maman à doubler ainsi la mise, se réjouit Charline. L’argent, n’a pas le même goût que l’or, mais c’est une vraie fierté tout de même. » Après Tokyo, point de déprime ni de coup de mou. Quelques jours après le podium, dès le 9 août, alors que la petite famille prend l’apéro avec des amis dans leur maison de La Rochelle, elle sent que le feu brûle encore en elle. « On discutait des différentes options pour participer aux JO de Paris 2024 : l’iQfoil, la nouvelle planche à voile olympique, mais il fallait que je prenne au minimum 10 kg, le 470 (dériveur en mixte), le Nacra 17, le catamaran et le 49er FX. À ce moment-là, j’envoie un message à Sarah qui me répond oui tout de suite. » Sarah Steyaert, athlète olympique, 5e à Pékin et 7e à Rio accepte de reprendre la barre pour l’occasion après 5 ans de retrait pour cause de… maternité. Elle a deux enfants. Si Sarah, à 37 ans, est experte dans son sport, à 38 ans, Charline doit appréhender une nouvelle discipline. « J’apprends avec humilité », dit-elle. Le tandem pariait sur un podium au JO : « une médaille de bronze aux JO serait déjà beau à pleurer », nous confiait Charline. Que les larmes coulent.
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