Découverte
Par Dominique Salomon, publié le 08 novembre 2024
1 min
Alors que les concurrents du Vendée Globe prendront ce dimanche le départ d’une des courses au large les plus prestigieuses au monde, une douzaine de stagiaires se forment au métier de skipper professionnel au Centre Européen de Formation Continue Maritime (CEFCM) de Lorient. Un métier bien différent de celui des sportifs, coureurs du tour du monde en solitaire.
Regroupés autour de leur chef d’atelier, une dizaine de stagiaires du brevet « Capitaine 200 voile » se forme à la mécanique sur moteurs de bateaux. Pour ces pros de la voile, la mécanique comme l’électricité fait partie des modules obligatoires.
« L’idée, c’est d’acquérir quelques clés et surtout une façon de réfléchir pour se débrouiller en cas de panne en mer », explique Erwan Le Guest, responsable de la formation de skipper professionnel au Centre Européen de Formation Continue Maritime (CEFCM) de Lorient (56), qui vient de débuter en octobre pour une vingtaine de stagiaires. La moitié seulement ira jusqu’au module voile pour devenir skippers, les autres seront diplômés sur embarcations à moteur.
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Débrouillardise et polyvalence
En témoignent les navigateurs en solitaire du Vendée Globe, la débrouillardise constitue une qualité fondamentale du métier de skipper. « Il faut être bricoleur, presque comme MacGyver* », s’amuse Erwan Le Guest. Pour réparer une avarie éventuelle, sur le moteur ou les équipements des embarcations, mais aussi s’adapter à la vie dans un petit espace mouvant, face à des éléments parfois déchaînés.
C’est ce qui explique la diversité des modules contenus dans cette filière. Outre la navigation, les stagiaires sont formés à la sécurité, à la réglementation maritime, aux moyens de communication et ils suivent un module médical afin d’être autonomes sur une embarcation. Une fois diplômés, ils devront savoir notamment tracer une route, rédiger un rapport en cas d’accident et se repérer sans GPS sur toutes les mers.
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Le contact humain et la nature à l’état brut
Mathilde a suivi la formation l’année dernière et va bientôt valider le module voile. Si le métier qu’elle a choisi demande beaucoup d’engagement, puisqu’il nécessite souvent de travailler 24 heures sur 24 durant plusieurs jours d’affilée, il offre aussi « un sentiment de liberté et des moments hors du commun, raconte-t-elle. On peut passer des heures sur le pont sous la pluie, dans le froid, et puis soudain une lumière magnifique se lève sur l’horizon, des dauphins viennent nous rendre visite. Ce sont des moments magiques qu’on ne peut vivre que sur un bateau. »
Ce que confirme Paco. Le jeune stagiaire de 27 ans a travaillé pendant huit ans dans le nautisme avant de se tourner vers la formation de skipper professionnel. « Quand on est en mer, on est coupé du monde, au contact avec les éléments et des liens forts s’installent entre les membres d’équipage », décrit-il. Voici une autre motivation majeure partagée par de nombreux candidats à ce métier : le contact humain.
Mathilde l’a vécu durant sa première saison sur un bateau d’exception. L’ancienne danseuse de 33 ans reconvertie à la voile a embarqué des touristes tout l’été dans le Golfe du Morbihan sur le André Yvette, un vieux gréement de représentation. Son job ? Faire découvrir la voile à des non-initiés pendant des sorties à la journée ou des événements touristiques comme la fête de la mer de Brest (29). « Partager des bons moments et transmettre l’amour de la navigation sont un des plaisirs de ce métier », appuie-t-elle.
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Conduire des bateaux et des hommes
Mais la plupart des stagiaires de la formation ne navigueront pas sur de vieux Gréements. Deux grands secteurs recrutent ces professionnels. Dans le premier, le charter, c’est-à-dire le transport de passagers, les clients fortunés emploient souvent un skipper pour leur propre bateau. Et plus ponctuellement, des vacanciers peuvent aussi louer un voilier par exemple dans les Antilles, pour profiter de l’environnement paradisiaque sans se soucier de leur embarcation.
L’autre secteur est celui du convoyage. Il s’agit alors de conduire un navire d’un point A à un point B, pour le compte de particuliers ou d’entreprises. « La livraison de bateaux neufs constitue un débouché important, note Erwan Le Guest. En France, les fabricants de bateaux comme la société Lagoon emploient ces professionnels pour remonter la Garonne et livrer des catamarans de luxe en Méditerranée ou dans les Antilles. »
Un secteur auquel les stagiaires sont formés car « il faut apprendre à livrer un bateau dans un état impeccable tout en naviguant parfois pendant des semaines« , souligne-t-il. En clair, « on dort à même le plastique de la sellerie, la gazinière doit être recouverte de papier aluminium, et il faut éviter les éclats sur les meubles avec une boucle de ceinture par exemple ».
Un métier pluriel donc, avec de nombreux débouchés et qui « recrute tout le temps », conclut Alain Pomes, directeur du CEFCM.
*Héros d’une série américaine d’aventure et d’espionnage des années 80 connu pour se débrouiller, dans n’importe quelle circonstance, à l’aide d’outils du quotidien.
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