Le Havre et la voile, c’est toute une histoire ! Retour en 1517, lorsque le roi François Ier décide de fonder un port, puis une ville, « au lieu de Grasse ». À cette époque, il n’existe que deux façons efficaces pour propulser un navire : la rame et la voile. Les plus anciennes preuves de l’existence de cette dernière remontent à environ 5 000 ans avant notre ère, et proviennent de l’Égypte ancienne.
Au temps des grandes découvertes
Autant dire qu’à l’aube de ce XVIe siècle, on commence à avoir une sérieuse expérience maritime. Après des lustres de cabotage, on n’hésite plus à prendre la haute mer pour mettre le cap vers l’inconnu. C’est le temps des grandes explorations, comme le tour du monde – fatal pour lui – de Magellan (1519-1522) ou l’expédition de Verrazzano en Amérique du Nord (1524), au cours de laquelle il explore le site de la ville actuelle de New York.
Cet exploit, il l’accomplit à bord de la Dauphine, une caraque armée au Havre. La caraque est un type de navire qui se caractérise par la présence de deux châteaux (ougaillards), c’est-à-dire des parties surélevées disposées à la proue (avant) et à la poupe (arrière) et elle peut avoir deux ou trois mâts. Ses dimensions réduites rendent les conditions de vie à bord rudes : promiscuité, maladie, colères de l’océan… La Nao Victoria par exemple, réplique espagnole de l’un des vaisseaux de Magellan, ne dépasse pas les 30 mètres de long, pour 85 tonneaux et une soixantaine d’hommes d’équipage !
Mais lorsque l’on veut construire plus grand, ce n’est pas toujours une franche réussite : ainsi la Grande Françoise, monstre de près de 100 m de long, avec à son bord – excusez du peu – un moulin et même un jeu de paume (l’ancêtre du tennis), assemblée au Havre à partir de 1520, que l’on n’arrivera jamais à faire gagner la mer !
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Une constante évolution technologique
Le galion remplace progressivement la caraque pour tous les usages (guerre, commerce) à partir du milieu du XVIe siècle, et il est assurément le navire emblématique du temps du Roi Soleil. Mieux profilé, disposant d’une voilure importante, il est plus rapide et plus maniable. Il disparaît à son tour au XVIIIe siècle, rendu obsolète par les bricks, frégates et autres vaisseaux de ligne, toujours plus performants.
La voile sert au Havre pour tous les types d’embarcations : baleiniers, pêche côtière, Grande Pêche (pêche à la morue au large de Terre-Neuve), pilotes, commerce au long cours…
Le Siècle des lumières est malheureusement aussi celui de l’enrichissement de certains armateurs havrais (Jacques-François Bégouen, Martin-Pierre Foäche…) se livrant au triste commerce triangulaire : les voiliers quittent le port chargés de marchandises manufacturées, échangées en Afrique contre des esclaves emportés vers les Antilles, pour revenir en Europe les cales pleines de canne à sucre ou de tabac. Les vents sont parfois mauvais, comme le disait si bien Verlaine…
Le tournant du XIXe siècle
L’activité maritime connaît, au Havre comme dans tous les autres ports français, une baisse considérable à cause des guerres de la Révolution et de l’Empire. Après la chute de Napoléon Ier, en 1815, le trafic reprend doucement, mais un bouleversement considérable se prépare : l’apparition des machines à vapeur, que l’on adapte bientôt sur des bateaux, de faible tonnage d’abord, de plus en plus imposants ensuite. Les bassins havrais se sont multipliés et accueillent toujours plus de navires.
Une vue ballon datant des environs de 1850 montre des infrastructures débordantes d’activité. Les passagers, petits paquebots assurant les liaisons avec l’autre côté de l’eau », Honfleur et Trouville entre autres, mais aussi les remorqueurs, fonctionnent exclusivement avec une machine à vapeur entraînant des roues à aubes. Les vaisseaux au long cours en revanche, dédiés au commerce international, restent à la voile, à l’image des clippers, longs, effilés et racés.
En 1864, la Compagnie Générale Transatlantique met en service le Washington, son premier paquebot devant assurer la liaison régulière entre Le Havre et New York. Long de 105 mètres, il bénéficie certes d’une machine de 850 chevaux entraînant de grosses roues à aubes, mais l’on a encore une confiance limitée en la technologie et le capitaine, en cas d’avarie, peut naviguer à la voile.
Dans les années 1880-1890, tous les paquebots de la Compagnie fonctionnent exclusivement à la vapeur. Il reste bien une mâture sur le bassin du Commerce, sorte de portique capable de poser des mâts, mais la compétition est perdue et les derniers trois-mâts disparaissent les uns après les autres à la charnière des XIXe et XXe siècles. Le vent reste encore quelque temps le principal moyen de propulsion pour les pêcheurs ou les pilotes. En témoigne le cotre pilote Marie Fernand, lancé en 1894, aujourd’hui soigné comme le vénérable aïeul qu’il est, par l’association l’Hirondelle de la Manche.
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La voile et le loisir
Cela ne veut pas dire que la navigation à voile a cessé au Havre. Alors que la vapeur entame son irrésistible ascension, la voile devient un loisir nautique prisé, au point que se crée en 1838 la Société des Régates du Havre (SRH). Maupassant lui-même adore naviguer sur son yacht baptisé Bel Ami, du nom de l’un de ses romans, et Claude Monet peint ses célèbres Régates à Sainte-Adresse en 1867.
La tradition perdure jusqu’à nos jours : il suffit de jeter un œil sur l’estuaire par un beau dimanche de printemps ou d’été, pour y compter des dizaines de petits voiliers de plaisance. C’est dire que la voile a encore de beaux jours devant elle ! D’autant qu’à l’heure du péril climatique, on commence à reparler de cargos… à voile ! Ça laisse songeur.
De notre correspondant local de presse Stéphane William Gondoin
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