Il repart, insatiable ! Arnaud Boissières, 53 ans, l’homme aux quatre Vendée Globe terminés (de 2008-2009 à 2020-2021), s’est vite remis du dernier, abandonné près du terme après un démâtage cruel. Il sera le 26 octobre au départ de la Transat Café L’OR (ex Jacques-Vabre, ex Route du Café), en double, entre Le Havre et la Martinique, avec un objectif de Top 10 sur « 4CAD-La Mie Câline ».

Muriel Vandenbempt
Le natif de Bordeaux, établi aux Sables-d’Olonne, est armé pour. Il a acheté l’ex « Guyot Environnement-Water Family » avec lequel Benjamin Dutreux a fini 10e du dernier Vendée et qui sera son co-skipper au Havre. Ce bateau, c’est aussi l’ex « Hugo-Boss » d’Alex Thomson, deuxième du Vendée 2016-2017, très remarqué alors avec sa forme de pointe de flèche toute noire. Arnaud Boissières nous plonge avec passion dans sa vie de marin qui va courir sa 10e Route du Café.
Comment êtes-vous passé d’un bateau à l’autre dès l’arrivée du dernier Vendée ?
Avant même le départ, je cherchais pour 2028 un nouveau bateau. J’en avais regardé cinq, dont celui-ci. À mon retour aux Sables, Benjamin, que je connais depuis longtemps, m’a appelé pour me féliciter, malgré tout (sourire), et de fil en aiguille on a reparlé de son bateau. On s’est revus, on a finalisé avec des conditions qui nous vont tous les deux : je ne devais pas acheter tout de suite mais faire une saison partagée avec lui, nos deux sponsors associés. Cela m’offrait une année calme financièrement, laissait le temps à Benjamin et son équipe de nous transmettre le bateau, un point auquel je tiens beaucoup.
Le budget était-il difficile à boucler ?
Il fallait que je vende mon bateau précédent, ce qui était le cas, que mes partenaires principaux me suivent. L’année en double m’a permis de souffler et d’encaisser le coût de mon démâtage sur le Vendée…
Vous pouvez expliquer ?
J’étais assuré en perte totale du bateau, remboursé à 100 % s’il coulait. Mais le mât étant déjà vétuste, ce n’était pas intéressant de l’assurer seul, la franchise était élevée. J’ai payé le cargo qui m’a ramené le bateau des Antilles aux Sables, ce n’était pas gratuit… Heureusement, j’avais un deuxième mât, mais nu, il a fallu l’équiper pour livrer un bateau prêt à naviguer, comme promis.

Muriel Vandenbempt
Le bateau a un design de malade. Il va vite à 25-30 nœuds, il est assez facile mais manque d’un siège à amortisseurs !
À sa sortie, avec son design, sa robe noire, votre bateau semblait radical. Comment est-il en mer ?
C’est vrai, il a un design de malade ! Il est hyperagréable, tu vas vite à 25 30 nœuds. Le cockpit, le premier entièrement fermé en Imoca, est devenu assez lumineux, malgré la couleur. Le bateau est assez facile, simplifié, tu trouves vite de bonnes sensations. Il manque d’ergonomie pour le skipper, faute de siège de veille sur amortisseurs. Quand ça va vite, ouf ! Tu prends tout dans le dos. Ça fait un peu vieux, mais je mets un coussin ! Nous n’aurons pas de nouveau siège sur la Café L’OR, on cherche une solution pour la suite.
Que pourriez-vous encore améliorer ?
Il a déjà beaucoup changé depuis l’origine, le mât, l’étrave, les safrans… L’évolution logique serait que je change les foils. Actuellement, il porte les mêmes que les anciens de Biotherm, et on a vu ce qu’a apporté le changement de foils au bateau de Paul Meilhat, qui vient de gagner l’Ocean Race. Mais cela a un coût. Je cherche des partenaires, toujours, comme Benjamin, qui voudrait lui construire un bateau neuf pour le prochain Vendée.
Je me suis mis sérieusement à la prépa physique. À 53 ans, si tu ne le fais pas, tu peux vite être à la ramasse.
La prise en main s’est bien passée, avec cette 5e place aux 48 heures Azimut, devant des bateaux plus récents comme « Initiatives Cœur » ?
Avec Benjamin, on se connaît très bien depuis l’époque où il courait en Figaro (2015-2018), il était venu dans mon chantier. En 2019, je l’ai invité à naviguer sur mon Imoca avant qu’il dispose du sien pour son premier Vendée (NDLR : 9e). Sur l’Azimut, on tire profit de tout ce que l’on a fait avant, une découverte en accéléré sur la Course des Caps, en juillet, beaucoup de navigations. Je me suis senti tout de suite à l’aise, Benjamin n’était d’ailleurs pas toujours à bord à l’entraînement. Une confiance mutuelle s’est concrétisée sur les 48 heures, une belle course, une belle place, et ce dernier bord où on volait bien, très haut…
Que pouvez-vous viser sur la Café L’OR ?
Je vais redire nous faire plaisir, mais j’ajoute un joli score, comme entrer dans le Top 10. C’est ambitieux, il y a de sacrées têtes d’affiche.
À 53 ans, sentez-vous le poids de l’âge sur ces Imocas réputés durs, qui cassent le dos malgré votre coussin ?
(Il sourit) Je me suis mis sérieusement à la prépa physique. Benjamin m’a proposé son préparateur. Je n’en avais jamais fait, enfin si, mais de façon désordonnée, un peu de squash, de salle… Là, j’ai un spécialiste, c’est ludique, on parle d’alimentation, il est aussi préparateur mental. Je me sens plus fort sur tous les points. À 53 ans si tu ne fais pas ça, tu peux vite être à la ramasse.
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