Décryptage
Selon l’Insee, les produits alimentaires en Martinique sont en moyenne 42% plus chers qu’en métropole. La faute, notamment, à une concentration excessive de la distribution.
Aux Antilles françaises, il n’y a pas que les volcans qui connaissent des explosions aussi brutales que soudaines. La colère sociale, toujours sous-jacente, provoque elle aussi, à intervalles plus ou moins réguliers, des irruptions de violence. Mais cette fois, la crise qui secoue la Martinique n’a rien de surprenant. «Tout le monde savait que ça allait exploser, mais personne, ni les élus locaux ni Paris, n’en a tenu compte», affirme André, un éleveur de bovins. La dégradation des indicateurs économiques et sociaux auraient pourtant dû alerter les pouvoirs publics.
Concrètement, avec 27% de sa population (et 32% des enfants) en situation de pauvreté selon l’Insee, contre une moyenne nationale de 14%, la flambée des étiquettes dans la grande distribution devient insupportable. En juillet, l’indice des prix à la consommation dans l’île est reparti à la hausse (+0,4%), portant le rythme de l’inflation à 3,2% sur un an. Toujours selon l’Insee, les produits alimentaires sont en moyenne 42% plus chers en Martinique qu’en métropole. Cela vaut aussi pour tous les autres secteurs de la consommation, à la seule exception des transports collectifs – mais ceux-ci sont particulièrement défaillants dans l’île.
«Il faut rétablir le contrôle des prix»
Pour la gauche comme pour la droite, la cause principale est connue : la concentration excessive de la distribution (alimentaire et non alimentaire). Trois grands groupes se partagent en effet le marché et les franchises de la grande distribution : GBH (Groupe Bernard Hayot), Parfait et Despointes. GBH est même l’ogre du système : «Il contrôle 40% de l’économie de la Martinique», indique Béatrice Bellay, la toute nouvelle députée socialiste de Fort-de-France. Fait aggravant, le groupe de Bernard Hayot contrôle l’ensemble de la chaîne logistique, de la sortie d’usine des produits en métropole jusqu’aux entrepôts de distribution en Martinique et dispose, selon une source locale, d’un partenariat exclusif avec CMA CGM. Le transporteur maritime est aussi en situation de quasi-monopole dans la desserte des îles, ce qui lui permet de bénéficier de taux de fret très bas. Pour les concurrents, difficile d’échapper ainsi à la nébuleuse Hayot, ce qui favorise les rumeurs d’entente sur les prix entre les trois acteurs.
«On a des réunions avec la grande distribution, mais ils affirment que leurs marges (entre 1% et 3%) sont comparables à celles de leurs homologues en métropole. Sauf que cette marge s’applique sur les prix de vente, taxes comprises, et non sur les prix de revient», dénonce encore la députée socialiste. Pour en sortir, le chef d’entreprise et maire divers droite de Saint-Joseph (une commune du centre de l’île), Yan Monplaisir, ne voit qu’une seule solution : «Il faut rétablir le contrôle des prix.» Il plaide aussi pour un contrôle renforcé des marges de la distribution, et une baisse de l’octroi de mer, cette taxe sur les importations mais également sur les productions locales, sur les biens essentiels, que le futur ex-ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, se promettait de réformer.
Vingt propositions restées lettres mortes
Avant la dissolution, à l’initiative du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, une commission d’enquête parlementaire «sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales» d’outre-mer avait abouti à 20 propositions. Parmi elles, l’engagement d’une «négociation avec les grands groupes de distribution ultramarins, devant aboutir dans un délai de douze mois, afin d’obtenir une baisse de l’ordre de 10% à 20% des prix sur la majorité de leurs références», la «réglementation des prix des produits de première nécessité», l’organisation d’«états généraux du coût de la vie et du pouvoir d’achat outre-mer», le rétablissement des «plafonds de la réduction d’impôt sur le revenu pour les contribuables domiciliés dans les départements d’outre-mer» ou encore l’affectation des «recettes de TVA de chaque département d’outre-mer concerné (Guadeloupe, Martinique, la Réunion) aux ménages modestes sous la forme d’une allocation spécifique et conditionnée ne pouvant être dépensée qu’en achats de services et de produits issus des circuits courts». Mais la démission du gouvernement et l’impossibilité pour la ministre de l’Outre-Mer actuelle, Marie Guévenoux, de gérer autre chose que les affaires courantes n’ont pas fait avancer le sujet.
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